La présidente
"En ce début d'année 2025 je crée le Centre Européen de Recherche et d'Information sur le Frérisme (CERIF) sur la base d’un constat : il n’existe pas aujourd’hui de centre ressource accessible au public qui informe de façon objective et pédagogique sur le frérisme.
Mais qu’est-ce que le frérisme ? Il peut se définir comme un islamisme, un islam politique et fondamentaliste qui ne doit pas être confondu avec l’Islam comme ensemble de traditions religieuses évolutives au cours du temps et à travers l’espace.
Née au début du XX° impulsé par la confrérie des Frères musulmans, l'idéologie frériste s’est adaptée à tous les milieux et y a déployé sa vision, son identité, son “plan”*, avec comme objectif de transformer les sociétés, faisant de sa lecture systémique de l’islam non seulement une religion, mais un mode de vie. Selon elle les règles, les valeurs, les principes tirés des textes traditionnels de l’islam sont nécessaires et suffisants pour être appliqués et régir l’ensemble des actions et activités des fidèles.
Ainsi, le frérisme aspire à une désécularisation de nos sociétés et travaille à l’imposer dans de nombreux secteurs de la société en utilisant des méthodes d’entrisme, d’influence et de subversion utilisant les canaux de l’enseignement, de la culture, du droit, de l’économie etc. pour parvenir à une société "charia-compatible" qui deviendra selon lui progressivement "charia compliant". Qu'il y parvienne ou non n'a pas d'importance pour le moment. Ce qui doit nous alerter est ce qu'il fait pour y parvenir.
Sa contestation de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, de ses principes de liberté et d’égalité, notamment de l’égalité homme femme, son refus de la laïcité, de la présence des autres religions, tout cela agit jusque dans l’université, l’entreprise, l'hôpital, dans les activités scolaires et périscolaires, sportives etc.
Le frérisme est un mouvement subversif qui agit dans le cadre de la loi grâce à ses nombreux influenceurs et avocats. La réponse à donner n’est pas uniquement sécuritaire comme celle opposée au forme violente physiquement (comme le djihadisme), elle est d’ordre intellectuel et psychologique.
Le but du CERIF est de promouvoir des recherches, d'informer sur l'idéologie diffusée par ces différents mouvements islamistes légalistes dans les démocraties sécularisées, de mettre en lien des experts avec des partenaires privés et publics qui souhaitent bénéficier d’information, de conseil et de formation. Il contribue au débat public en proposant des analyses et en apportant des propositions opérationnelles concrètes.Le chemin qui nous attend est ambitieux, mais il est nécessaire. Ensemble, nous avons la responsabilité de protéger les valeurs démocratiques - laïcité, égalité homme-femme - qui nous sont chères tout en assurant une réponse adaptée, scientifique et opérationnelle aux enjeux de notre temps.”

Florence Bergeaud-Blackler est docteur en anthropologie et chargée de recherche au CNRS (HDR). Depuis trente ans, elle s’intéresse aux normativités islamiques dans les sociétés sécularisées, au salafisme et aux réseaux islamistes et fréristes en Europe. Elle est l’auteur de plusieurs dizaines d’articles et ouvrages académiques dont Le marché halal ou l’invention d’une tradition (Seuil, 2017) et Le Frérisme et ses réseaux, l’enquête (Odile Jacob, 2023) traduit en plusieurs langues. Consultante pour des organisation publiques et privées, elle donne régulièrement des conférences en France et en Europe. Elle est également membre du Comité stratégique du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure, Paris (CRSI).
En 2024, elle a été nommée au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur.
